Voici l'explication de texte si vous voulez réviser pour le bac.
MONTESQUIEU : « DE L’ESCLAVAGE DES NEGRES »
Le texte que nous étudions est un texte de Montesquieu, intitulé « de l’esclavage des nègres » écrit en 1748. Dans celui ci, Montesquieu cherche à combattre l’esclavage des nègres à l’aide de l’ironie. Cet auteur, philosophe et aidé par ceux ci, permettra d’aboutir à l’abolition de l’esclavage en 1794.
Mais nous nous demanderons comment Montesquieu arrive t’il à nous sensibiliser à ce problème en défendant à première vue la thèse des esclavagistes.
C’est pourquoi, nous étudierons cela en deux parties, tout d’abord, le soutien à la thèse, puis, la véritable opinion de Montesquieu à l’aide de l’ironie.
Mais il convient d’abord de définir l’ironie. Ce procédé consiste à dire quelque chose sans le penser, et à le faire sentir. Nous pouvons maintenant nous lancer dans l’analyse.
Pour commencer, nous allons observer comment Montesquieu donne l’illusion de défendre les esclavagistes. Pour cela, celui ci utilise différentes sortes d’argument.
Tout d’abord, l’auteur emploie des arguments économiques. On le remarque l.3 : « Ils ont du mette en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres » Dans cette citation, l’adverbe « tant » insiste sur la quantité de cultures qui doivent être cultivés. Sans cette main d’œuvre, cela ne serait pas possible.
Puis, de nouveau le même genre, l.6 « Le sucre serait trop cher ». L’adverbe « trop » insiste à nouveau sur le coût faramineux si les esclaves n’étaient pas utilisés.
Ensuite, Montesquieu passe aux arguments idéologiques. On l’étudie l.16 : « Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’il font plus de cas d’un collier de verre que de l’or » Avec cette comparaison entre un « collier de verre » et de « l’or », l’auteur « prouve » que les nègres sont stupides car, insensibles aux « vraies » richesses.
On remarque aussi l.13 un argument historique, donc d’autorité. « chez les égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, était d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux ». Les égyptiens faisaient de même, et ce sont « les meilleurs » « du monde ». L’hyperbole montre bien leur grandeur, et donc, leur bon droits. Par extension, le bon droit des esclavagistes.
Enfin, l’auteur conclut en utilisant la plus puissante corde de l’époque, les arguments religieux. On le lit l.10 : « On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir. » La simple évocation de « Dieu » montre un argument d’autorité que « nul » ne peut contester. Les nègres sont dépourvues d’âmes.
Cela est mentionné une dernière fois l.19 : « Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous mêmes chrétiens. » Ici le syllogisme conclue sur le fait que les nègres n’ont pas d’autres choix, pour la conscience de tous, que de ne pas être des hommes.
Ainsi, les arguments énoncés défendent parfaitement la thèse esclavagiste en prouvant qu’ils sont dans leurs bons droits.
Du moins, c’est que l’on pourrait croire en ne réfléchissant pas vraiment. Car l’ironie est impossible à masquer et révèle la véritable position de Montesquieu, et pour cela, il utilise de nombreux procédés et démolit méthodiquement chaque argument avancé.
Tout d’abord, l..3 « Ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique ». Jusqu’à preuve du contraire, personne n’a « du », verbe d’obligation, mettre d’autres hommes en esclavage. L’ironie vient ici de l’hypocrisie de l’esclavagiste qui rejette ses fautes.
Puis, l.6 : « Le sucre serait trop cher ». Nous avons vu le prix faramineux, mais nous parlons bien de « sucre » ? La phrase est tourné comme si le sucre était un bien vital qui vaudrait des sacrifices, alors que c’est loin d’être le cas.
Après, l.8, un autre argument est avancé. « Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ». L’auteur emploie ici un argument Ad Hominem, et donc, par définition, totalement stupide et gratuit. L’argument est loin d’être valable.
Nous passons, l.10 : « On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu ». Nous notons un présent de vérité générale, « peut », et une négation. A nouveau, c’est une affirmation sans fondement car basé sur une logique raciste et la prétention de connaître les pensées de « Dieu ».
Nous poursuivons l.13 avec cette expression : « les meilleurs philosophes du monde, était d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains. ». Il y a une opposition flagrante entre l’hyperbole « les meilleurs philosophes du monde » et « faisaient mourir ». Les philosophes respectent la vie, il est donc impossible que ces égyptiens soient des sages, détruisant à nouveau l’argument.
Nous terminons par l.19 : « Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes, parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous mêmes chrétiens. ». Le même syllogisme qu’avant, mais du coté de l’ironie. Montesquieu accuse les esclavagistes de cette manière :
1 Les nègres sont des hommes
2 Nous les mettons en esclavages
3 Donc nous ne sommes pas chrétiens..
Ensuite on ne peut que noter l’impersonnalité de ce texte. En effet, on le voit l.6 par exemple : « Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves. ». On note l’emploi du pronom « on ». mais celui ci est totalement indéfini, nous ne savons pas qui parle. Montesquieu se moque ainsi des esclavagistes qui se cachent dans la masse et n’osent pas se montrer au grand jour. Montesquieu se moque ainsi des esclavagistes qui se cachent dans la masse et n’osent pas se montrer au grand jour.
Enfin, l’auteur utilise plusieurs anti-phrases, on le note entre autre à la première ligne : « Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves ». Tout d’abord, l’emploi du « si » montre une possibilité tournée vers une négation. Il faudrait plutôt, en connaissant l’ironie de Montesquieu, interpréter le « si j’avais » en « si j’osais » dire de telles monstruosités. Nous retrouvons cela dans le syllogisme de la fin ou l’argument l.10 sur Dieu.
Tout y est passé. Montesquieu a démonté chacun des arguments qu’il a lui même formulée grâce à son ironie pertinente.
Ainsi, bien qu’en défendant en surface la thèse de l’esclavagisme, Montesquieu réalise une critique très virulente de cette abomination. Critique d’autant plus efficace que présentée à l’aide de l’ironie omniprésente. Mais cela n’empêche pas que ce texte soit on ne peut plus sérieux comme le montre le dernier paragraphe où l’auteur passe dans le registre pathétique, abandonnant son masque, comme le montre l’emploi de « miséricorde » et « pitié ». L’esclavage n’est pas un sujet ou l’on peut se permettre de plaisanter, même aujourd’hui.